À Camille Claudel

 

  • Résidence de création au Musée Camille Claudel

À Camille Claudel, est un projet issu d’une résidence au Musée Camille Claudel. Réalisé à la chambre photographique et au tirage à la gomme bichromatée, À Camille Claudel prend forme autour des sculptures égarées de Camille Claudel, mises en écho avec le territoire de l’Aube.

À la suite de recherches dans les archives du musée, j’ai découvert un article de Paul Claudel intitulé « Camille Claudel, statuaire », paru dans la revue L’Art décoratif. Le texte est accompagné de photographies en noir et blanc. Dans cet article, j’ai trouvé les photographies de quatre sculptures à ce jour « égarées ». Les photographies originales ont également disparu. La trace de ces oeuvres ne réside donc plus que dans cette revue datant de 1913. J’ai voulu dans un premier temps, travailler sur ces traces à la chambre photographique, un appareil argentique de grand format et à soufflet. 

Plusieurs questions venaient à moi : quel est l’écho qui résonne et qui subsiste comme traces ? Est-il créé par le vide qu’amènent les couches de temps successives ? Peut-on parler de tangible, dans l’empreinte et sa résonance ? Pour le tirage, je travaille avec des méthodes pigmentaires. Ici, la gomme bichromatée, qui est multi-couche. Mon travail contient des étapes d’effacement, de révélation. Il s’ancre dans la temporalité du tirage. C’est le passage successif de pigments qui va amener l’image à apparaître. Ce procédé ancien, du XIXè siècle, me parle dans l’épaisseur qu’il contient. 

J’y vois un rapport à la mémoire, à l’oubli. Effacer, puis faire apparaître. Ce cheminement m’a amenée à photographier ensuite le territoire qui m’entourait, celui de l’Aube. Il y a les pierres, les arbres, les forêts, l’organique, le minéral. Des pierres paléolithiques qui contiennent l’empreinte du poids de la main de l’Homme. Des édifices qui soufflent silencieusement le poids du temps. Des arbres qui attestent de leurs présences face aux choses. Dans un dernier temps, j’ai voulu me confronter au corpus existant de Camille Claudel. La muséographie a été conçue par un architecte. C’est le vide qui provoque des dialogues entre les sculptures. C’est ce que j’ai voulu retranscrire dans ma prise de vue : un dialogue avec certaines sculptures de Camille Claudel et leurs échos prenant ici forme dans la matière et son épaisseur.